5 mars 2018

 Entretien avec M. Christian Demierre, responsable du secteur de filiales de Vevey à Poste CH SA

Photo C. Demierre

Un employé entre dans votre bureau et vous explique qu’il adore son travail mais que sa femme est très malade et qu’il n’arrive plus à tout gérer. Que lui répondez-vous ?

Dans une telle situation l’aspect humain est primordial. Les trois aspects les plus importants sont une relation de confiance réciproque, de l’écoute et de l’empathie sans amener de solution toute faite et sans préjugé,et la garantie d'une confidentialité totale au sein de l’entreprise sur laquelle les employés savent qu’ils peuvent compter. A partir de là, nous cherchons ensemble une solution qui puisse satisfaire l’employé et convenir à l’entreprise. Je lui demande ce qu’il souhaite concrètement et ce qu’il est prêt à faire pour trouver une solution. Je pose également mes conditions. Souvent je ne peux pas apporter un changement tout de suite, ni péjorer les conditions de travail de toute une équipe. Tout dépend de la durée des aménagements à trouver. En marge de la discussion strictement professionnelle, je peux inviter la personne à consulter le service social de La Poste qui peut les orienter vers des prestations d’aide. Mais cette démarche reste entièrement libre.

Actuellement la Loi ne garantit aucune flexibilité pour concilier travail et assistance d’un proche, comme l'a dénoncé dans la presse le Conseiller national Jean-Christophe Schwaab en renonçant à son mandat politique pour s’occuper de son fils (« Les proches aidants, toujours ignorés par le droit », 24 Heures, 02.11.2017). En tant qu’employeur, quelle est votre marge de manœuvre ?

La Poste est une entreprise socialement responsable. Elle dispose d’une convention collective de travail qui va au-delà des obligations légales. Les parents d’un enfant malade disposent de 5 jours de congé au lieu des 3 jours prévus par la loi. En cas de maladie soudaine d’un proche, le congé peut aller jusqu’à une semaine de congé payé. Nous travaillons selon une planification des horaires et des baisses du taux d’occupation ou des congés non payés peuvent être envisagés dans des circonstances familiales particulières. Dans la mesure du possible nous soutenons les familles. Cela dit pour moi, au-delà de la loi et des conventions collectives de travail, c’est l’aspect humain qui prime.

Souvent, les proches se taisent car ils redoutent une réaction négative de leur employeur, voire craignent pour leur emploi. Que leur conseillez-vous de faire ?

Une relation de confiance est la clé pour que les employés parlent ouvertement de leur situation personnelle à leur employeur. Mais cela est surtout une affaire de personnes, de relations entre êtres humains. Moi aussi je peux un jour me trouver dans la situation de mon employé. Je n’ai pas de conseil à donner. Pour ma part j’apprécie que les personnes viennent me voir. La transparence évite le fait de se trouver mis devant le fait accompli. Je leur en suis reconnaissant. Cela fait partie de cette relation de confiance.

Une expérience positive avec un employé confronté à de lourdes charges familiales ?

Oui, un bel exemple ! Celui d’une personne qui travaillait à 80%, particulièrement dynamique. Un jour, cette dernière vient me voir. Son enfant souffre d’hyperactivité. Sa scolarité va subir des changements. Elle a 6 mois pour se réorganiser avant la rentrée scolaire. Je lui ai demandé comment elle imaginait concilier son travail avec sa vie de famille. Elle m’a répondu qu’elle voulait baisser son taux d’activité à 20%. Mais que pouvais-je faire avec un 20% ? Je ne voyais pas de solution. De plus, était-ce vraiment une bonne chose pour elle ? Je ne pourrais pas forcément augmenter à nouveau son taux le jour où elle en aurait besoin. Nous avons convenu de nous donner le temps de la réflexion. J’en ai parlé à mon collègue responsable d’exploitation. Lui non plus ne voyait pas de solution. Puis j’ai eu l’idée de lui proposer de travailler tous les samedis. Cela semblait possible dans une filiale. Elle n’avait pas imaginé travailler le weekend, mais elle est revenue le lendemain en disant : « C’est la meilleure solution ! ». Un nouveau contrat de travail a été établi. Parfois nous lui demandons quelques heures en semaine, bien à l’avance et elle s’est toujours arrangée.

 

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