NumerikGames MacAtallah ProInfirmis

© Valentine Reynes

Marc Atallah est le directeur de la Maison d’ailleurs et du festival Numerik Games. À l’initiative de la rencontre entre Pro Infirmis et les studios Tourmaline pour développer le jeu « Symbiose », il revient sur le rôle essentiel du jeu vidéo dans la sensibilisation au handicap.

Pro Infirmis : Pourquoi avoir cette année choisi Pro Infirmis pour développer un jeu dans le cadre du festival Numerik Games ?

Marc Atallah : En réalité, l’idée ne vient pas du festival. Dans le cadre d’une exposition actuellement présentée au public au Musée d’Ailleurs intitulée « Je est un monstre », j’ai découvert, par mes lectures, que la notion de « monstre » était historiquement liée la notion du handicap : ce qu’on appelait les monstres au 17e et 18e siècle, a subi une transformation du vocabulaire au 19e siècle avec des termes tels que « anormaux », « infirmes » puis « handicapés ». Je trouvais intéressant que Pro Infirmis puisse profiter de la visibilité d’une exposition pour parler de son travail. Je l’ai donc approchée. Au fil des discussions, Sylvie Thorens, l’ancienne directrice de Pro Infirmis Vaud, a été convaincue par l’idée de soutenir l’exposition, mais encore plus par l’idée de s’associer au développement d’un jeu vidéo qui viserait à sensibiliser au handicap. C’est ainsi que Pro infirmis est devenue l’un des partenaires principaux à la fois de l’exposition et du festival Numerik Games.

De quelle manière un jeu vidéo peut-il sensibiliser les jeunes au handicap ?

C’est un outil de médiation incroyable ! La question du handicap est une question extrêmement complexe. Nicolas Leuba, le président de Pro infirmis Vaud, l’a rappelé : le handicap découle de l’interaction d’un individu avec son environnement. Finalement, quoi de plus simple et de plus efficace, plutôt qu’un long discours, que de mettre un jeune en interaction avec un environnement problématique ? Le jeu vidéo s’impose. En le jouant et en l’éprouvant, il permet au joueur de se rendre compte de ce que signifie être en situation de handicap. Le jeu vidéo propose une fiction interactive, dans lequel vos actions ont une répercussion. Il vous offre une autre manière de vivre et d’expérimenter les choses. C’est un moyen hallucinant de sensibilisation.

Témoigner, faire prendre conscience de la réalité des personnes en situation de handicap et rendre compte de situations concrètes : ce sont généralement les options choisies par les associations pour sensibiliser le public. Comment la science-fiction peut-elle, à sa manière, y contribuer ?

L’humanité, très rapidement dans son histoire, a fait appel à la fiction, qu’elle soit picturale, narrative ou graphique, au travers de laquelle le lecteur, le spectateur vit des émotions. Au fil du temps, différentes formes de fictions se sont développées, à chaque fois en lien avec le développement technologique de l’époque : la littérature, le cinéma puis la bande dessinée, par exemple. L’une des particularités de la fiction est d’inviter la personne à changer son point de vue pour prendre le point de vue de quelqu’un d’autre. De cette manière, elle provoque des émotions. La fiction aide à sensibiliser et à conscientiser : toute sensibilisation fait appel à la conscientisation rationnelle et intellectuelle ; mais elle doit aussi toucher au cœur pour être efficace. Le jeu vidéo est finalement une forme de sensibilisation comme toute autre fiction. Du fait qu’elle est plus récente, elle suscite simplement plus de doutes.  Elle ne ne se suffit peut-être pas à elle toute seule, mais elle vous permet de faire ce qu’aucun discours n’arrivera à faire : vivre des émotions.

Interview: Johanna Monney

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